Conclusion

Ainsi, si l'on ne sait pas si la poudre est arrivée en Occident par l'intermédiaire des guerres avec les Byzantins, de la route de la soie ou des pays arabes, il est certain qu'elle a bel et bien eu des répercussions au niveau historique et culturel. Mais la poudre n’est pas la seule invention chinoise à avoir révolutionné l’Occident. L’importance du papier et de l’imprimerie au niveau de la diffusion des savoirs est évidente, tout comme le rôle joué par la boussole dans le développement du commerce, qui fut un facteur de la naissance de la bourgeoisie et de l’apparition du capitalistme. D’autres inventions d’apparence plus modeste ont influencé l’Occident, comme par exemple l’étrier, qui en permettant la stabilité du cavalier, a rendu possible le combat à cheval, et donc contribué à l’apparition de la chevalerie. Il est d’ailleurs intéressant de noter que c’est une autre invention chinoise, la poudre, qui la mettra en péril quelques siècles plus tard. Le harnais de poitrail, puis à collier, qui utilise la pleine puissance des chevaux de trait, permet de tirer une charge trois fois supérieure à celle rendue possible par le harnais de gorge antique. Il contribue au développement des transports terrestre et maritime (halage), des marchandises et des  hommes, qui aura d’importantes conséquences économiques et sociologiques. De plus, les fameuses cathédrales n’auraient pu être construites sans la brouette !


Cependant, si certaines inventions scientifiques de la Chine Ancienne ont fortement influencé l’Occident, d’autres ont eu un impact limité ou moins évident. Il en est ainsi pour la pensée mathématique induite par les Neuf Chapitres. Elle est parvenue jusqu'à nos jours par la tradition écrite en Chine, mais aucune source sûre ne fait état de la façon dont elle est entrée en notre possession. En effet, on n'a aucune information vérifiée concernant une quelconque influence des Neuf Chapitres sur l'Occident. Cependant, il est intéressant de remarquer que, comme le suggérait Joseph Needham, il semblerait que les mathématiques modernes que nous connaissons aujourd'hui soient la synthèse des savoirs mathématiques du monde entier, et qu'il en soit ainsi pour la science en général. Certains au contraire pensent que l’origine de la science moderne nous vient exclusivement du monde arabe médiéval. L'histoire des mathématiques en Chine, même si elle est connue dans ses grandes lignes, reste donc à explorer.

 

Pour conclure, si les sciences de la Chine Ancienne impressionnent par leurs sens pratique et leur technicité inventive et ingénieuse, leur influence reste un débat : que devons-nous, Occidentaux, à l'origine de la science expérimentale et de la technologie scientifique, aux sciences de la Chine Ancienne? Les avis divergent grandement et la vérité se situe probablement à mi-chemin entre l'optimisme un peu démesuré de Joseph Needham et le scepticisme excessif d'autres spécialistes contemporains. S'il est difficile de répondre à la question, fort complexe, des influences et des priorités, puisque l'histoire des sciences n'est pas linéaire, une chose est pourtant sûre : la Chine Ancienne n'a eu besoin de personne pour arriver là où elle est arrivée.