II./ ... et leur lnfluence sur l'Occident

  1) Comment, pourquoi cela nous est-il parvenu?

            a.) La poudre

 

Bien que des liens commerciaux se soient établis entre la Chine et l’Empire Romain par les routes de la soie dès l’Antiquité, ce n’est qu’à la fin du VIIe siècle que le secret de la poudre, ou du moins celui du salpêtre, est transmis en Occident. En effet, le VIIe siècle est marqué par l’expansion des conquêtes arabes. En 674, Constantinople est assiégé par le calife Mu'awiya. Un architecte grec, Callinicus, natif d’Héliopolis en Syrie, aurait alors proposé à l’empereur byzantin un « feu » miraculeux, dont il prétend être l’inventeur, bien qu’il soit plus probable qu’il est acquis ces connaissances sur les vertus du salpêtre par l’intermédiaire d’échanges commerciaux avec la Chine.

Dans tous les cas, les Byzantins se servent du secret de Callinicus pour confectionner une arme redoutable, le « feu grégeois ». Il s’agit d’un mélange incendiaire constitué de naphte, de goudron, de soufre, de résine et de salpêtre. Ce dernier lui apporte une résistance à l’extinction et une puissance encore jamais atteinte ! Constantinople va garder le secret du « feu liquide qui se lance au moyen de tubes» pendant près de six siècles, confiant sa réalisation à un très petit nombre d’ouvriers et de maîtres, étroitement surveillés, et prétendant que cette arme formidable fut révélée au saint grand empereur Constantin par un ange. Durant ce laps de temps, l’empire byzantin se sert du mélange incendiaire lors des affrontements maritimes et de la défense des ports. A cette époque, les combats navals avaient lieu quasiment bord à bord, et les Byzantins jetaient des pots et des tubes de verre remplis de feu grégeois vers les bateaux ennemis.

Bien que certaines sources datent l’entrée en possession de la poudre par les Arabes du XIIIe siècle et l’attribuent aux relations entretenues avec le Chine depuis le VIIIe siècle, il est probable que se soit  au cours de ces guerres que les Arabes aient assimilé les techniques de fabrication de la poudre et des armes à feu. Les ouvrages militaires de cette époque mentionnent l'usage également des « bouteilles de fer » par les Mongols. Il s'agit probablement des projectiles explosifs comme la « foudre ébranlant le ciel » ou les « grenades de fer ».

Enfin, en 1204, l’armé des Croisés assiège et gagne la ville de Constantinople, mettant ainsi fin au monopole de l’empire byzantin concernant l’utilisation du salpêtre. Cependant, on attribue parfois l'apport de la découverte à Marco Polo, qui aurait ramené la poudre de Chine. Mais si certains historiens imputent l'arrivée de la poudre à la route de la soie, d’autres pensent que cette invention, tout comme celle du papier, s’est propagée en Europe par l'intermédiaire des pays arabes. En effet, au Moyen-âge, de nombreux livres arabes sur la méthode de fabrication de la poudre furent traduits par les Européens. C’est vers 1230 après J.C, avant même la naissance de Marco Polo, que parait un livre en latin, Liber ignium ad comburendos hostes (livre des feux pour brûler les ennemis), écrit par un certain Marcus Graecus, qui rend publique les informations essentielles à propos de la poudre. Ce livre publie pour la première fois en Occident la composition de la pondre noire et la quantité des ingrédients utilisés, soit une portion de soufre et deux de carbone pour six de salpêtre, ce qui est assez proche de celle retenue définitivement (1-1-6). L’ouvrage indique aussi comment purifier le salpêtre en procédant par lessivage, filtration et cristallisation. Il est recommandé d’utiliser du charbon fait à partir de saule ou de tilleul, mais aussi de n’effectuer la préparation de la poudre qu’à l’extérieur des habitations ! Malheureusement, on ne sait quasiment rien sur l’auteur du livre, et l’on ignore donc comment il est entré en possession du secret de la poudre noire.

 

 

            b.) Les Neuf Chapitres

        Jusqu’aux échanges culturels des grands voyages, la Chine a développé de manière autonome une façon de faire des mathématiques différente de celle des européens, mais tout aussi riche et étonnante d’efficacité.

On sait que les jésuites ont été les plus grands passeurs entre la Chine et l’Occident jusqu’à la fin du XVIIIe siècle. Cependant, il est impossible de savoir de source sûre quels savoirs ont été transmis à l’Occident par ce biais, et sous quelle forme.

Les historiens ont cherché à déterminer les origines et les voyages des connaissances, avec un penchant à vouloir identifier ce qui est propre à chaque civilisation.

Il est indéniable que les échanges culturels entre la Chine et l’Inde à partir du premier siècle (notamment grâce au bouddhisme) ont été suffisants pour que des documents mathématiques de ces deux régions manifestent des points communs sans qu’on puisse déterminer lequel a influencé l’autre ou l’a précédé. En effet, les premières sources chinoises et indiennes sont très semblables : le système de numération par exemple ou bien la présence de fractions avec numérateur et dénominateur.

Ces savoirs seraient donc passés de l’Inde au monde arabe et enfin à l’Occident grâce à la traduction.

Karine Chemla nous dit que « Si des idées contenues dans Les Neuf chapitres se retrouvent dans les mathématiques internationales d'aujourd'hui, on ne sait pas si c'est parce que ce livre a circulé, ou parce qu’il a influencé d'autres livres ou des personnes qui, elles, ont circulé. » On ne connaît donc pas de façon certaine la manière dont les idées des Neuf Chapitres sont arrivées en Occident.

 

 

2) Le devenir de la découverte

       a.) Utilisation par l'Occident

            → La poudre

 

Les occidentaux ne sont pas les seuls à avoir exploité la poudre noire. En effet, les Arabes jouent un rôle important dans l'histoire de la poudre.

Bien sûr, comme les Chinois et les Byzantins, ils utilisent la poudre noire à des fins guerrières. Contrairement aux Byzantins, les Arabes s’en servent non seulement lors des batailles navales, mais aussi lors des combats terrestres, en particulier lors des Croisades. De plus, les Arabes à cette époque excellaient dans le domaine de l’alchimie. Tout comme en Chine, celle-ci va permettre des progrès au niveau de la chimie. Les alchimistes arabes vont perfectionner la « recette » de la fabrication de la poudre, en n’employant plus que des composés purs, ou du moins purifiés. En effet, le nitrate de sodium contenu dans le salpêtre cause une altération rapide des propriétés de la poudre. Les Arabes purifient le salpêtre non seulement physiquement, mais aussi chimiquement, en le traitant avec une lessive de cendres de bois riche en carbonate de potassium. En jouant sur les solubilités, ils transforment le nitrate de sodium en nitrate de potassium :

 

2NaNO3 + K2CO3 à 2KNO3 + Na2CO3

 

Ce travail, admirable pour l’époque, représente l’une des avancées les plus spectaculaires et montre le haut niveau atteint par les Arabes dans le domaine de la chimie à cette époque. Les autres composants étaient également purifiés. Le soufre, recueilli dans les régions volcaniques à l’état originel, était distillé soigneusement tandis que le charbon de bois était obtenu par une combustion mesurée suivie d’un broyage. Ces progrès permettent l’apparition de poudres non plus lentes mais vives, véritables explosifs déflagrants qui peuvent propulser des projectiles à grande vitesse dans des tubes. On les appelle explosifs balistiques.

Des historiens attribuent le tire du premier coup de canon à Abou Youssouf, sultan et pacificateur du Maroc, en 1275. L’arme, simple tube de bois appelé madfoa, projetait une grosse flèche. En 1342, lors de la Reconquista, les Arabes tirent des boulets de fer pour se défendre lors du siège d’Algésiras par les troupes d’Alphonse XI. Malheureusement, la plupart de ces projectiles d’environ 5 cm de diamètre passe au-dessus des troupes castillanes sans atteindre les soldats. On découvre ainsi que les canons ne sont pas faits pour tiré loin, mais de loin. Cependant les canons apparaissent un peu avant dans l’occident chrétien. En effet, dès 1324, les assiégés de Metz comme les assiégeants de La Réole les utilisent avec succès. Vingt-deux ans plus tard, la victoire écrasante remportée par Anglais contre les Français à Crécy marque un tournant important dans l’histoire des conflits terrestres, car pour la première fois, l’armée d’Edouard III recourt à l’artillerie à poudre sur-le-champ de bataille, en rase campagne. On utilisa d’ailleurs un nouveau type de bombardes. Ce n’est toutefois pas la cause de leur victoire, effet restant encore très psychologique. C’est au cours de ces guerres que l’usage de la poudre se rependit en Europe. On chercha alors à dominer la science de la pyrotechnie.

On peut dire que désormais la découverte chinoise appartient aux Européens, ceux-ci prenant en mains toutes recherches sur sa composition. Les doses sont amenées à varier selon l'utilisation portée à la poudre :


Pour la poudre de mine lente:
30% de charbon (dont 90% carbone) + 30% de soufre (S) + 40% de salpêtre (nitrate de potassium KNO3)

Pour les pièces de feux d'artifices:
10% de charbon + 15% de soufre et 75% de salpêtre

Pour la poudre de chasse:
12% de charbon + 10% de soufre + 78% de salpêtre

Pour la poudre de guerre:
12,5% de charbon + 12,5% de soufre + 75% de salpêtre

Pour la poudre à canon:

75% de salpêtre, 10% de souffre, 15% de charbon

 

Si la composition de la poudre à canon n’est, au cours des siècles, peu amenée à évoluer, il n’en va pas de même de ses techniques de préparation. En effet, on avait l’habitude de prendre des mesures de précaution. Le soufre et le charbon étaient broyés séparément, jusqu’à l’obtention d’une poudre homogène. Le mélange de salpêtre, mixé dans de l’eau, à raison d’1,5 litres d’eau pour 10 kg de poudre, n’était ajouté qu’en fin de préparation. Ces opérations étaient faites avec des pilons proche de ceux des métallurgiques, mis en mouvement par des roues hydrauliques.

Essai de la poudre XVème siècle     Essai de salpêtre XVème siècle 

 

Essai de la poudre (XVème siècle)   Essai de salpêtre (XVème siècle)  

 

Poudriers au pilon vers 1400

Poudrier au pilon (vers 1400)

 

 

Purification du soufre XVeme siècle       

 

           Purification du soufre (XVème siècle)

 

Tamisage de la poudre Dantzig vers 1570

Tamisage de la poudre Dantzig (vers 1570)

 

 

 

En France durant la Révolution et le Premier Empire, les besoins en poudre furent si élevés que l’on dut user de techniques plus dangereuses mais plus rapides. Durant cette période, les ingrédients étaient broyés par la force des bras dans des tonneaux tournants remplis partiellement de gobilles, de petites billes de bronze.

Par ailleurs, jusqu’au XVIIème siècle, malgré une préparation soignée, la poudre obtenue n’était jamais totalement homogène, ce qui nuisait à ses effets balistiques dans la mesure où sa vitesse de combustion n’était pas fiable. C’est pourquoi, vers 1700, on commence à utiliser la poudre sous forme de grains. Pour cela, on brisait une galette de poudre dans un tamis spécial appelé guillaume. Les grains étaient ensuite sélectionnés selon leurs diamètres et polis. Après le polissage, les grains devaient mesurer environ deux millimètres de diamètre. La fabrication de la poudre était alors plus compliquée et dangereuse, mais le résultat obtenu était d’une qualité bien supérieur, car pour une même masse de poudre, on parvenait à avoir des résultats identiques d’un tir à l’autre.

Cependant, malgré ces améliorations, la poudre noire possède encore un certain nombre d’inconvénients majeurs. En effet, elle est à l’origine d’inflammations intempestives causant nombre d’accidents. Le risque d’explosion accidentelle est renforcé du fait que les grains, lors des transports notamment, se réduisent progressivement en poussière. Cela nuit également à son efficacité. De plus, la poudre absorbe petit à petit l’humidité de l’air, ce qui réduit, voir annihile ses propriétés balistiques, et dégage une fumée épaisse qui rend plus aisé le repérage des positions par l’ennemi. Enfin, sa combustion produit des solides qui encrassent les tubes. Le chemin vers la poudre idéale s’ouvre lorsque qu’en 1788 le chimiste français Claude Louis Berthollet découvre le chlorate de potassium, qui possède d’exceptionnelles propriétés carburantes.

 

Louis Berthollet (1748–1822)

 

Berthollet tente alors de préparer de la poudre en remplaçant le salpêtre par sa découverte. La poudre qu’il obtient n’est plus déflagrante mais brisante. Mais après plusieurs essais meurtriers de fabrication de sa poudre en vraie grandeur, Berthollet abandonne ce qui est considéré comme la première poudre brisante de l’histoire. Finalement l’invention de Berthollet servira à confectionner les premières allumettes chimiques, dites Lafumade, qui ne seront remplacée qu’en 1830 par les allumettes au phosphore.

1788 est également l’année de la découverte du trinitrophénol, HO-C6H2(NO2)3. Cependant, les propriétés explosives de l’acide picrique ne furent décelées qu’au début du XIXème siècle. En effet, chauffé en présence de chlorate de potassium, il explose. De nombreuses poudres expérimentales virent le jour comme la poudre Fontaine, Abel, Dessignole ou Brugère, mais les recherches furent stoppées en 1809 par un terrible accident place de la Sorbonne. En 1800 le chimiste britannique Edward Charles Howard obtient du fulminate de mercure en faisant réagir le nitrate de mercure sur l’alcool éthylique. De la même manière, il préparera le fulminate d’argent, qui a la particularité d’exploser sous l’effet d’un choc. Le fulminate d’argent sera très utilisé pour amorcer le départ d’autres explosifs.

Cependant, c’est en 1846 qu’a lieu la découverte la plus importante. En effet, un chimiste de Bâle, Friedrich Schönbein, prépare la nitrocellulose, appelée fulmicoton.

 

Friedrich Schönbein (1799 – 1868)

Si Schönbein garde secret la manière dont il l’a obtenu, c’est que le fulmicoton avait déjà été découvert dix ans plus tôt par un Français, Jules Pelouze. Toutefois Pelouze, qui appelait alors sa découverte xyloïdine, ignorait tout de ses propriétés explosives. Pour obtenir de la nitrocellulose, il suffisait de faire réagir l’acide nitrique avec du coton, la présence d’un peu d’acide sulfurique facilitant la réaction. Le fulmicoton va représenter un tournant dans l’histoire de la poudre, car il permettra la réalisation d’une poudre « sans fumée ». En effet, jusqu’à l’arrivée de la nitrocellulose, les combustibles (carbone, soufre) et l’oxydant (nitrate de potassium) étaient chimiquement séparés. Cela nuisait à l’homogénéité du système réactionnel, et la durée de conservation de la poudre se voyait ainsi réduite. De plus, l’unique utilité du potassium était d’apporter les groupes NO3, et sa présence lors de la combustion produisait des solides néfastes à la propreté de l’arme. La découverte de composés nitrés comme l’acide picrique et le fulmicoton représentent donc un progrès capital, car les oxydants NO2 sont désormais incorporés au sein même de la molécule. On obtient donc une parfaite homogénéité de la poudre, une très faible sensibilité à l’humidité de l’air (dû à l’absence de sel hydroscopique), une stabilité au cours du temps, l’absence de cendre et de crasse et peu de fumée. Néanmoins, la synthèse de la molécule nitrée de base et la mise au point d’un explosif utilisable à partir de cette molécule sont deux choses différentes. Ainsi, la nitroglycérine fut découverte en 1847 par Ascanio Sobrero, chimiste italien travaillant sous la direction de Jules Pelouze. Mais c’est une autre élève de Pelouze, le Suédois Alfred Nobel, qui, après plusieurs accidents désastreux, parviendra à obtenir en 1867 un explosif utilisable, la fameuse dynamite.

 

Alfred Nobel (1833-1896)

 

 

 En effet, mélangée à un solide appelé Kieselguhr, la nitroglycérine devient beaucoup plus sûre à transporter et à manipuler. Elle reste stable et explose seulement sous l’effet d’un détonateur.

Pour en revenir à la poudre elle-même, c’est à cause de sa mise en oeuvre délicate que les premiers essais balistiques avec le fulmicoton furent assez décevants. En effet, cet explosif avait un caractère brisant, ce qui conduisait régulièrement à l’éclatement de l’arme. La France renonça à la fabrication industrielle de cette poudre, appelée pyroxyle, à la suite de la terrible explosion de l’usine du Bouchet en juillet 1848. Cependant, d’autres pays se montrèrent plus persévérants. Mais ce n’est qu’en 1884 que le chimiste français Paul Vieille parvient à gélatiniser la nitrocellulose. Cette opération, réalisée à l’aide d’un mélange d’alcool et d’éther, attribue à la poudre un régime de déflagration déterminé. Sa poudre est appelée poudre B ou poudre blanche.

 

Par ailleurs, les Occidentaux possédant déjà de grandes connaissances concernant l'utilisation militaire de la poudre, il n'y avait qu'un pas vers une utilisation pacifique. "Le feu artificiel", en opposition au feu naturel, qui est celui créé artificiellement par l'homme à des fins meurtrières, se transforme alors en "feu d'artifice" par simple ajout de quelques pincées de limaille de fer qui donnent des effets de brillance à la poudre à canon.
Rendues inoffensives par l'absence de projectiles, les déflagrations simulent l'effet des armes, et par l'addition d'autres substances peuvent créer de magnifiques effets visuels. Les Occidents jouent désormais sur les couleurs et effets en liant la poudre noire à des éléments dont on connaît la réaction avec le feu.

 

 

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Flammes colorées, de gauche à droite :

violet pâle (potassium), rose fuchsia (lithium),

Rouge (strontium), orangé (calcium), jaune (sodium)

 

 

COULEURS

ELEMENT

COMPOSES POSSIBLES

Violet

Potassium

Nitrate (KNO3) ou chlorate
(KClO3); ou mélange de
strontium (rouge) et de
cuivre (bleu)

Bleu

Cuivre

Chlorure (CuCl) ou Sulfure

(CuSO4)

Vert

Baryum

Nitrate (Ba(NO3)2), chlorure

(CuCl) ou chlorate
(Ba(ClO3)2)

Jaune

Sodium

Oxalate (COONa2), Oxyde

(Na2O) ou nitrate (NaNO3)

Doré

Fer, carbone,

soufre

Limaille (Fe) et charbon (C,S)

Oran

Calcium

Nitrate (Ca(NO3)2)

Rouge

Spontium ou

lithium

Nitrate (Sr(NO3)2),
hydroxyde (Sr(OH)2),
chlorure (SrCl2), oxyde
(SrO), carbonates (SrCO3)

Blanc

Magnésium, aluminium

Poudre (Mg, Al)

Argenté

Titane,

aluminium

Poudre (Ti, Al)

Scintillement

Antimoine

(Sb) Composé toxique

dans toutes ses formes

Étincelles

Aluminium

Granules (Al)

Fumées

Zinc

Poudre (Zn)

 

 

 

 

 → Les Neuf Chapitres

Nous n’avons pas de preuve d’une utilisation explicite par l’Occident des Neuf Chapitres. Cependant, Karine Chemla nous dit que dans le chapitre neuf des Neuf Chapitres, on trouve des équations, sous forme d’opération à deux termes qui se calcule de façon comparable à une extraction de racine carrée et qui est associée a la forme géométrique du rectangle ou du gnomon. Or cette approche très originale des équations se retrouve dans le monde arabe au XIIe siècle.

Elle pense que « cette nouvelle approche des équations qu'on trouve dans le monde arabe et qui se retrouve après chez François Viete (mathématicien français de la fin du XVIe siècle, considéré comme un des principaux précurseurs de l'algèbre, car il est le premier à avoir représenté les paramètres d'une équation par des lettres) » vient de Chine, mais là encore ce n’est qu’une hypothèse.

 

 b.) Conséquences au niveau historique et culturel en Occident

             → La poudre

 

Dès l’antiquité, l‘artillerie mécanique de siège s’était développée en occident, atteignant un bon niveau d’efficacité. Les machines de jet antiques pouvaient balancer une charge de près de 100kg, ce sur une distance supérieure à 200 mètres. Des progrès constants permirent d’augmenter progressivement la charge. Ainsi, au XIIIe siècle, elle atteint 300kg. Ces progrès sont remarquables dans la mesure où à partir de cette époque, aucune forteresse ne pouvait résister aux machines de siège : en 1244, la citadelle de Montségur, réputée imprenable, tombe sous le siège des hommes de Louis IX grâce à celles-ci. Pourtant, si les progrès concernant la charge des machines de siège  se succèdent, la distance de jet stagne. De plus, cette artillerie mécanique ne peut être utilisée lors de campagnes. Les Romains mettent cependant au point le Scorpion, qui manque malheureusement de puissance et de manœuvrabilité. C’est l’invention de la poudre vive qui constituera la clef du problème. En effet, le canon est plus léger et plus mobile que les catapultes ou les trébuchets. De plus, cela rend possible leur présence en grand nombre sur le champ de bataille.

Par ailleurs, arrivé dans l’occident chrétien, le canon s’associe petit à petit étroitement à l’histoire des conflits armés, jusqu’à finir par en devenir un symbole. Cependant, il ne constitue pas la seule application militaire de la poudre. Très vite, on développa de nouvelles armes. Ainsi, au XVème siècle, apparurent les premières bombes et mortiers. Leur invention est parfois attribuée à Sigismond Pandolphe Malatesta, prince de Rimini. C’est également à cette époque que furent conçus les fusils et les mousquets. Ainsi les armes à feu, bien que d’une efficacité moyenne à leurs débuts, entraînèrent la disparition des armes de jet antiques, comme l’arc et l’arbalète. En effet, il faut des années d’entraînement pour faire un bon archer ou arbalétrier, tandis qu’un paysan peut devenir arquebusier en deux à trois semaine. Les soldats pouvaient être aisément remplacés en cas de mort. De plus, les nouvelles armes de jet avaient un coup bien moins important. La quantité fut préférée à l’efficacité.

Néanmoins, dans un premier temps, l’habitude faisait préférer les anciennes machines de guerre. Pourquoi faire confiance à cette nouveauté, alors que les bons mangonneaux et trébuchets avaient déjà, depuis des siècles, fait leurs preuves ? De plus, la poudre était très mal perçue. On reprochait aux armes à feu et à la nouvelle artillerie d’amortir la bravoure militaire. En effet, elle permettait "au lâche de tuer à distance le héros". Les balles perçant les lourdes armures, les armes à feu permettaient à n’importe qui de tuer, de loin, un chevalier. Par ailleurs, à l’arrivée de la poudre en Occident, ce sont une minorité de spécialistes, très entraînés, les nobles, qui combattent. La chevalerie, en particulier, s’opposa à l’introduction de ces nouvelles armes qui rendaient son art inutile. En effet, les années d’entraînement et de pratique comptent dans le statut qu'occupe le chevalier par rapport le paysan. Il est compréhensible que les chevaliers soient mécontents de passer d'une époque où ils bousculent de la piétaille en guenille et armée de faux et serpes, à celle où un guerrier avec 20 ans d'entraînement peut être abattu sans risque et en un temps éclair par un roturier de bas étage! Mais aussi, si les carrières militaires étaient réservées à la noblesse, c'est en partie dû au coût très élevé de l'équipement du chevalier. L’arme à feu portative, en perçant les armures alors qu'elle ne valait qu’une infime fraction de leur prix, constituera un point non négligeable. L'arrivée de la poudre fragilise donc l'incontestable supériorité de la chevalerie. Celle-ci craignait d'ailleurs tant les armes à feu que tout porteur d’une arquebuse devait être pendu immédiatement! Notons que Bayard, le chevalier sans peur et sans reproche, est mort d’un tir d’arquebuse dans les reins.

Cependant, malgré la résistance opposée par la chevalerie, c'est la poudre qui s'imposa finalement, et les chevaliers qui finirent par disparaître. Ainsi, en menant à une nouvelle manière de se battre, la poudre fut aussi à l'origine d'importants changements sociopolitiques. Les armes à feu jouèrent d'ailleurs un rôle crucial dans la disparition de la féodalité seigneuriale. Ainsi le chercheur Joseph Needham rappelle qu'en 1449, l'artillerie du roi de France détruisit les châteaux normands encore sous tutelle anglaise au rythme de cinq par mois. Le pouvoir royal centralisé fut donc renforcé. Avec le perfectionnement des armes à feux, il devient nécessaire au roi d'investir dans les arsenaux et dans les services de spécialistes de l'armement. En effet, la poudre assure désormais la l'excellence des Européens dans l’art militaire, dans la manière de défendre les place, et oppose de plus une digue impénétrable aux invasions barbares qui furent plus d’une fois si funeste à l’Europe.  L'artillerie jouera également un rôle décisif lors de batailles importantes comme celle de Castillon, qui mettra fin à la guerre de Cent Ans, puis trouvera définitivement sa place sur le champ de bataille. Ce n'est que des siècles plus tard que les armes à poudre noire seront détrônées par l'arrivée de la poudre sans fumée, puis des autres explosifs.

De plus, l'arrivée de la poudre aura bien sûr des conséquences sur les pertes humaines. Cependant, la fascination des hommes pour les armes à feu et leur désir de puissance les rendront bien vite dépendant de celles-ci. On peut cite l'exemple des nations amérindiennes en contacts avec les Européens, qui en l'espace d'une à deux générations sont devenus adeptes et dépendantes du mousquet puis, dès le XVIIe siècle, du fusil à pierre. Les conséquences en terme de mortalité se feront vite sentir : les guerres entre tribus, où les pertes étaient auparavant relatives, mèneront à de véritables exterminations.

Du côté civil, la poudre à canon commence à devenir célèbre pour les explosions accidentelles régulières dont elle est la cause. Devant l’accident de Lubeck, en 1360, qui pulvérise un quartier tout entier, des mesures sont prises : dès le XIVe siècle, tous les convois de poudre doivent être précédés d’un drapeau noir avertissant les populations.

La poudre eue également une influence sur l'architecture militaire. Les châteaux forts disparurent. Les forteresses furent modifiées afin de résister aux tirs puissants du canon, tout en ayant elles mêmes des zones d'où pouvaient tirer les ses canons.

Mais l’application militaire de la poudre n’a pas été la seule à avoir des répercutions sur la société. Alors que l'Orient consacre le feu dans ces célébrations religieuses, on remarque qu'en entrant dans les connaissances des Occidentaux, la poudre a fait aussi amplifier le pouvoir de fascination que possède le feu. Il existait déjà des coutumes ancestrales qui consistaient à allumer des brasiers en signe de réjouissance, comme les feux de joie de la Saint-Pierre ou de la Saint-Jean; ou encore plus anciennes, les fêtes de fin de vendanges des bacchanales et pargomalia, pendant lesquelles on sautait trois fois au-dessus de foyers de feux gigantesques.
          Si les Chinois réservaient la poudre à des fins festives, ils n'utilisaient que des effets sonores par l'explosion, le tout sous forme de pétards.
Contrairement à eux, les Occidentaux développè
rent l'aspect visuel de la pyrotechnie. L'Occident développe une gigantesque connaissance de la pyrotechnie. Le feu d'artifice entre alors dans les moeurs et devient le signe de victoire et de prospérité. C'est le moyen de réjouissance adopté pour célébrer tous les événements historiques. Sa première apparition dans une célébration européenne fut à Londres en 1487 pour le couronnement d'Elizabeth d'York, où l'on pouvait voir "un dragon crachant des flammes de feu dans la Tamise". Bien plus tard en France on assiste le 7 Avril 1612 au mariage de Louis XIII avec Anne d'Autriche. Cette date met fin à de longues hostilités entre Bourbons et Habsbourg, voulant marquer le coup dans un grand spectacle pyrotechnique, premier du genre dans le pays. A partir de là, ces spectacles deviennent le support de tous les événements officiels.Les feux d'artifice peuvent également servir à sauver les vies de personnes en détresse, comme par exemple lors d'un naufrage : on fait exploser des feux d'artifice pour se faire repérer des bateaux environnants. Mais de nos jours, certains reprochent aux feux d'artifice de créer beaucoup de pollution dans les eaux où ils retombent et dans l'air en détruisant la couche d'ozone, sans compter la pollution sonore.

A partir du XVIIe siècle, les Européens commencent également à avoir recourt à la poudre pour des buts « civils », notamment pour les travaux publiques et dans les mines.

 

→ Les Neuf Chapitres


D’après la représentation de la formation de la science qu’a proposé au milieu du XXe siècle le savant britannique Joseph Needham, la science moderne s'est développée en Europe dès le XVIIe siècle et ce développement a bénéficié de l'apport des savoirs venus de partout : Mésopotamie, Egypte, Chine, Inde, Grèce et du monde arabe.

Il est toutefois impossible de déterminer quels savoirs ont prédominé.

Il n’y a pas non plus de preuve que les Neuf Chapitres aient vraiment influencé nos mathématiques occidentales.

Il peut cependant être intéressant aujourd’hui, notamment grâce à la publication de la traduction en français des Neuf Chapitres, pour les enseignants d’étudier cette autre manière de penser les mathématiques. C’est également un document de nature historique d’une grande importance car il nous éclaire sur la vie en Chine il y a 2000 ans.



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